MARTHE HENRY

MEURSAULT

Marthe Henry Boillot n’avait rien prémédité mais elle a tout quitté pour revenir ici, à Meursault, « l’endroit où je me sentais le mieux », avoue-t-elle. Elle laisse son « taff » et la capitale derrière elle. Retour dans la maison qui l’a vue grandir. Avec un père pianiste concertiste, souvent sur la route, Marthe passe son temps chez ses grands-parents vignerons. « J’adorais être ici, l’ambiance… je traînais dans la cave, j’accompagnais mon grand-père dans les vignes ». Adolescente, elle se projette mais « rapidement », on lui fait comprendre que le job n’est pas fait pour elle : « j’étais brillante à l’école et j’étais une fille ». Elle enchaîne ainsi les études et les diplômes : lettres classiques, histoire de l’art et une grande école de journalisme pour conclure. La voilà lancée dans la presse. Mais le vin la rattrape très vite. Elle se met à rédiger des portraits de vignerons, crée un blog… « J’ai bossé quelques années mais voilà… » En se confrontant au monde viticole, Marthe gamberge et saute finalement le pas en 2013. Direction la « Viti », à Beaune, pour 18 mois en alternance. Avec une idée derrière la tête : reprendre les deux hectares de son grand-père, Pierre Boillot, laissé en fermage après la disparition de son grand-père. Elle « galère » mais trouve finalement un stage et enchaîne cinq années pour s’aguerrir à tailler, rogner… « Je n’avais pas assez d’expérience pour entreprendre le truc », constate-t-elle avant d’avouer qu’elle n’avait pas non plus la mentalité d’un ouvrier viticole.

En 2017, elle inaugure son premier millésime grâce à l’achat de raisins. Douze pièces, « pas la folie », dit-elle en riant. « J’avais envie de mettre les mains dans le cambouis et commencer à faire un vin à mon nom ».

Les débuts sont délicats pour cette anxieuse de nature mais elle trouve une aide précieuse auprès de « ses copains vignerons » : Athénaïs de Béru, à Chablis, ou plus près Oronce de Beler, Jean-Yves Devevey, Dominique Lafon… « des gens qui répondent au téléphone quand tu es dans ta cuverie à 23h30 pendant les vendanges à te demander si ce que tu fais c’est tout pourri… ». Elle enchaîne les millésimes avec la même envie et étend son négoce : 18 000 bouteilles les bonnes années pour 13 appellations, un travail de dentelle ! « Oui je sais j’aime bien jouer à la dînette ». Majoritairement du chardonnay alors qu’elle avoue avoir un faible pour la vinification des rouges… « C’est vrai que c’est ce que je préfère, explique-t-elle, tu mets plus de toi, tu imprègnes quelque chose sur le raisin. Sur les blancs, il y a surtout des choix à faire : pas de fûts neufs, un élevage de 18 mois sans bâtonnage, sans soutirage, sans levurage… » Ses pinots, elle va les goûter quotidiennement et avise au cas par cas : « un petit remontage tous les jours et quelques pigeages en fin de vinification selon la dégustation et parfois l’ajout d’un peu de soufre parce que j’aime bien les vins qui ont une certaine tenue et il y a un minimum de garanties à avoir quand tu achètes une bouteille ». Marthe préfère laisser son palais décider, « il n’y a pas de recette type. » Elle y voit plus clair aujourd’hui et ne regrette pas d’avoir changé de cap. Elle souhaite conserver une dimension familiale, pour « continuer à tout faire ». Et le temps joue pour elle. Après la vendange 2023, elle pourra vinifier trois prestigieuses appellations du domaine familial : deux meursaults premiers cru « Charmes » et « Goutte d’or » ainsi qu’un Volnay premier cru « Santenots ». Rien que cela!

« J’avais envie de mettre les mains dans le cambouis et commencer à faire un vin à mon nom »

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